La psychologie des personnages

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Oyez camarades,

Suite au sondage lancé dans la newsletter de Mars, voici donc l’article qui a recueilli le plus de voix. Bonne lecture ! 🙂

Je tiens à vous informer que cet article pourrait contenir quelques menus spoilers à propos du premier tome de La Sève du Pouvoir. Gare à vous si vous ne l’avez pas lu, les spoils ne sont pas très nombreux mais je préfère vous prévenir. Le meilleur moyen d’éviter ce risque est de foncer lire le roman mais cela n’engage que vous 😉

Vous est-il déjà arrivé de vous dire en lisant un roman : « Je ne sais pas comment ce personnage fait pour agir comme ça ! Moi j’aurai fait comme ça plutôt. » La question se pose également pour une série ou un film : « Mais quel idiot ! Pourquoi il fait ça ?! »

Bien que parfois, les auteurs ne se foulent pas et ne creusent pas leurs personnages (dédicace aux bons nanars), les protagonistes d’un récit sont le plus souvent le fruit d’un long et mûr travail de réflexion.

J’avais envie de parler avec vous de ce sujet car en ce moment, je suis en pleine élaboration du plan du second tome de La Sève du Pouvoir. C’est un réel plaisir de retrouver tous ces personnages (mais aussi beaucoup de petits nouveaux) mais écrire la suite d’une histoire révèle quelques nouveautés pour moi dans l’écriture.

« Oui, il faut être un peu schizophrène quand on écrit ! »

Alors que dans l’Ombre du Titan, j’avais la possibilité de partir de zéro avec les personnages, ici je ne peux plus simplement dire que untel est comme ça parce que c’est son tempérament. Pour le tome 1, j’ai établi des traits de caractère en me basant sur le passé de chacun. Ce travail est étroitement lié à la chronologie précédant le début du récit. C’est là que l’auteur peut approfondir ce qu’on appelle le background (= le fond sur lequel se base le récit). Que ce soit l’histoire des royaumes, la biographie des personnages, leurs héritages familiaux, leurs vécus, leurs expériences diverses. Tout cela va forger un caractère propre à chacun.

Malgré tout ce travail, rendre unique chaque personnage d’une histoire est loin d’être évident. Il faut parvenir à se glisser dans la peau de chacun d’entre eux et imaginer leurs réactions, rester objectif en tant qu’auteur et subjectif en tant que personnage. Oui, il faut être un peu schizophrène quand on écrit ! Et ce n’est pas désagréable…
Dans le tome 1, je me suis efforcé d’effectuer ce travail et bien qu’imparfait, les retours des lecteurs m’ont permis d’analyser l’impact de chaque personnage.

Par exemple, parmi les personnages les plus appréciés figurent le comte Akarat, meneur d’hommes charismatique, un brin manipulateur et très rusé ou Isan, vieillard au passif mystérieux qui se dévoile peu à peu. Autre exemple, Wulfang, le guerrier vétéran et impétueux qui n’apparaît que dans quelques chapitres mais qui est parvenu à laisser une emprunte dans l’esprit des lecteurs. Je pense également à Ixendis, la comtesse, personnage secondaire mais qui a beaucoup intrigué ainsi qu’à Uwaq, le pirate déconneur et sympathique. Je pense évidemment à Orgos, le frère du roi, qui par son caractère, son passé, son ambition et ses dialogues a su séduire un large public.

 

 

Mais les retours de lecteurs ont également pointé du doigt d’autres personnages, moins appréciés, en grande partie à cause de leur développement trop léger. Panko en est le parfait exemple. Le personnage de Korah a été globalement le personnage le moins aimé du roman. De par son attitude, ses réactions, son comportement vis à vis de telle ou telle situation.

Et au milieu de tous, apparaît Beryn. Beaucoup parmi vous qui m’avez fait des retours ont évoqué leur changement d’avis à son propos. Véritable cliché du jeune héros orphelin en début du roman, vous avez peu à peu assisté à son évolution au fil des chapitres, pour finir par l’apprécier davantage en refermant le livre.

« J’avais du mal à m’éloigner des descriptions banales et des dialogues stéréotypés. »

Pour tous ces exemples, cela peut s’expliquer de diverses manières. Pour reprendre Beryn, je suis parti d’un postulat classique : le garçon seul, orphelin qui rencontre un personnage plus vieux (mentor) qui lui enseignera des choses (ou non). Au début, Beryn est naïf, inconscient du danger qu’il peut encourir, bref un enfant. Les événements qu’il va vivre, surtout psychologiquement, vont le transformer, le remodeler, altérer son caractère pour faire de lui la personne qu’il sera dans le tome 2 (dont les prémices se devinent à la fin du tome 1).

Concernant Korah, commençons par le début. J’ai eu quelques difficultés à me glisser dans la peau des personnages féminins du roman. Korah plus que les autres. Je n’avais jamais vraiment « touché » aux femmes dans mes précédents écrits. J’avais du mal à m’éloigner des descriptions banales et des dialogues stéréotypés. Je pense que cela a influencé mon écriture et la perception des lecteurs vis à vis de Korah. Ma vision à propos d’elle a grandement évolué entre les premiers chapitres et la fin du tome. Elle a aussi été un des personnages sur lequel je me suis le plus penché pour le tome 2. Je peux vous affirmer qu’elle va gagner en profondeur dans cette suite.

Ah ce tome 2. L’écriture du plan est une étape que j’affectionne particulièrement même s’il arrive que je m’arrache les cheveux pour assembler tous les morceaux scénaristiques. Tous les personnages encore en vie de l’Ombre du Titan ajoutés aux petits nouveaux, on doit arriver à une bonne trentaine. Certains auront un rôle important, d’autres seront plus secondaires mais tous auront un rôle à jouer.

Bon, je vais vous confier quelque chose… Un petit secret.

Il y aura entre les deux tomes un bond dans le temps. Je ne vous dis pas encore de combien mais sachez que les personnages auront eu le temps d’évoluer, de changer pour certains, de vieillir, de mûrir. Il s’en est passé des choses en Arcalie, dans le Golfe des Crocs mais aussi ailleurs… 😉 De quoi améliorer encore un peu plus le background de tous les personnages. Le tome 2 sera l’occasion de nous pencher davantage sur la psychologie des héros comme sur celle des antagonistes.

L’ellipse temporelle est un excellent moyen de redonner de la fraîcheur au récit et aux personnages (j’en reparlerai dans les prochains mois dans un article dédié je pense). On voit souvent des histoires qui se déroulent sur un laps de temps très court, comme une course-contre-la-montre pour arriver au dénouement final. Or, les choses ne se déroulent pas toujours aussi facilement dans la vie. La fin du tome 1 était brutale, violente, lourde de conséquences… Un royaume chamboulé, de lourds dégâts matériels et humains. Et des héros en fâcheuse posture. Comment ont-ils évolué après le tome 1 ? Que leur est-il arrivé ? Qu’ont-ils fait ? Ont-ils changé ? Leur vision du monde a-t-elle été bousculée ? Comment vont-ils se sortir de ce foutoir ?

Autant de questions qui trouveront des réponses dans cette suite… Je parlerai dans un prochain article du manichéisme et de ma lutte invariable pour sa disparition dans la Sève du Pouvoir, volume 2. Il y a des personnages plus mauvais que d’autres et inversement, mais rares sont ceux qui sont tout blanc ou tout noir. Encore un vaste sujet que j’affectionne et que j’ai appris à découvrir au fil des années passées à raconter des personnages.

Et vous ? Que ressortez-vous de tout cela ? Apportez-vous beaucoup d’importance à la psychologie des personnages ? Ou préférez-vous l’action ? Dites-moi tout ça dans les commentaires, cela ne peut que m’aider 😉

Quant à moi, je vous dis à bientôt pour un prochain billet.

Note : pour en savoir plus sur le Cycle du Pouvoir, rendez-vous ici.

 


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Denis Vergnaud

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Un commentaire

  1. Bonjour,
    Dans mon cas, je préfère l’action effectivement. Du coup, quand j’ai participé à un concours pour une maison d’édition, c’est ce qui s’est fait ressentir. Ils n’ont pas apprécié le fait que la psychologie ne soit pas développé. Mais mon but n’était pas de ne pas la développer..
    Je ne comprends pas vraiment ce que ça signifie, en fait… Et je n’arrive toujours pas à savoir comment changer ça, même après avoir lu votre article…

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