Oyé camarades,
Lorsque l’on écrit un roman, il y a plusieurs choses à ne pas rater (en vérité, il faut éviter de rater quoique ce soit).
Pour moi, les éléments primordiaux sont :le scénario, le suspense, les rebondissements, l’action.
Ah oui pardon et les personnages.
Mais que vois-je ? Cet article va parler des personnages ? Quelle introduction d’enfer ! 8)
Qu’aurait été l’Iliade sans Achille et Hector ? Que serait-il advenu des Misérables sans Jean Valjean ? Harry Potter sans… Dumbledore ou Hermione Granger ?
Bien que très différentes ces trois histoires reposent comme la majorité des romans sur des personnages forts et emblématiques, certains par leur courage, d’autres par leur méchanceté, d’autres encore par leur humour. Parfois même ces héros surpassent le récit et deviennent des symboles (Dark Vador en est un bon exemple même s’il ne sort pas d’un livre). Tout le monde n’a pas lu l’Iliade, pourtant très peu parmi nous n’ont jamais entendu parler d’un certain Achille.
Loin de moi l’idée de prétendre que les personnages de mes histoires seront aussi charismatiques que ces derniers. Si je vous dis ça, c’est parce que selon moi, si l’on veut qu’une histoire fonctionne et accroche le lecteur, il faut des personnages qui marquent, hauts en couleurs.
Lorsque j’ai commencé à réfléchir sérieusement à mon roman, j’avais eu plusieurs bribes de plans pour une histoire mais très confuses. J’avais également des noms.
Ce n’est pas une constante mais chez moi, lorsqu’un personnage voit le jour, ça commence très souvent par un nom. C’est ce qui me vient en tête la plupart du temps, un nom qui claque. Un nom qui, rien qu’à sa consonance, brandit haut l’étendard de sa personnalité. Oui, ça fait un pompeux quand je relis ma phrase mais en tout cas, c’est vraiment ce que je ressens et c’est vraiment très personnel. Chaque lecteur est différent et chacun se forge une image de chaque personnage qu’il découvre dans un roman.
Je vais essayer de vous donner un exemple concret.
Dans mon roman, l’un des personnages principaux se nomme Isan.
Ne me demandez pas comment ce nom m’est venu à l’esprit. Je savais à peu près quel style je voulais = quelque chose de court, une légère consonance asiatique et qui « aille bien à un vieux » et PAF! Isan est né. Aussitôt les traits physiques me sont apparus. Les cheveux grisonnants, longs, une barbe poivre et sel pas trop entretenue, bref un vieux dont l’apparence n’est pas la première préoccupation, assez fin avec une musculature sèche et discrète. Le visage usé par les années et dont le passé tumultueux hante ses nuits. Et pour coller une petite particularité/faiblesse au personnage (important ça !), j’ai fait de lui un accro au Nectar (boisson aux pouvoirs amplificateurs : force, vitesse, etc… mais très nocive pour l’esprit et la stabilité mentale).
Voilà, un personnage somme toute assez classique dans son genre : vieux loup solitaire, pas très sociable, passé martial et qui est entraîné dans des intrigues un peu contre sa volonté. Pour ceux qui me connaissent, c’est un stéréotype que j’affectionne tout particulièrement, je ne saurais pas vraiment dire pourquoi mais je les adore.
Les stéréotypes.
Symboles en tout genre : le jeune enfant qui part à l’aventure, la princesse qu’il faut sauver, un homme héritier d’un royaume et qui deviendra roi…, le paysan rustre et vulgaire, le voleur repenti, le nain aigri. Ce sont tous des stéréotypes dans leur genre.
On critique souvent l’usage à outrance de ces différents types et parfois à juste titre. Je pense cependant qu’employés avec parcimonie et intelligence, il n’y a aucun mal à les utiliser dans un roman ou une nouvelle. Si vous démarrez votre histoire avec un jeune garçon de la campagne orphelin (stéréotype), libre à vous d’en faire de ce vous voulez par la suite et donc de suivre ou non les clichés du genre : le garçon devient un chevalier, un grand mage ou même un roi. Mais rien ne vous empêche aussi de l’affubler d’un sale caractère ne collant pas vraiment avec un gentil chevalier, ce qui pimentera un peu votre récit ! C’est là que les anti-héros débarquent.
Ces personnages centraux et qui pourtant n’ont rien de héros comme on l’entend. Je pense par exemple à un certain Jaime Lannister du Trône de Fer. Sa personnalité évolue énormément au fil des tomes, passant du personnage exécrable à quelqu’un de finalement attachant. Il y a également Dexter de la série éponyme (un tueur en série).
Je trouve les anti-héros plus proches de la réalité, ils ont des qualités mais surtout des défauts qui les rendent plus humains, plus entiers.
Vous pouvez donc démarrer avec des héros très « simples », mainstream comme on dit (confirmiste, pas très original donc) et rebondir sur les péripéties du récit pour en faire des personnages avec de la profondeur et l’originalité. Il en va de même avec les antagonistes (alias les méchants!). Des méchants trop lisses n’aident pas le récit selon moi. Après, une fois encore, tout dépend du type de roman que vous souhaitez écrire. Le manichéisme laisse aujourd’hui la place à des histoires davantage grises plutôt que noires ou blanches, ce que j’apprécie personnellement.
Pour revenir à la création des personnages, lorsque le nom ne me vient pas rapidement, cela peut vraiment être un frein pour moi dans la construction du récit. L’absence de nom -même si j’ai son profil physique et mental- m’empêche très souvent de me projeter dans l’histoire. Pourtant, si vous voulez avancer et sortir votre roman un jour, cet obstacle ne doit pas en être un. Contournez le problème.
Dans mon cas, il y a donc un personnage dont le nom incertain me faisait douter. Je lui ai donné un nom provisoire en me disant « voilà, il a un nom, concentre-toi sur l’écriture et n’y pense plus! ». Résultat : j’ai écrit le roman et le nom ? j’ai fait du provisoire le définitif ! Comme quoi… Et ce personnage secondaire (mais vraiment crucial dans le récit) en avait fini de me tourmenter 🙂
En conclusion, vos personnages sont les enfants de votre imaginaire, ils se baladent, évoluent et prospèrent dans votre esprit et vous font parfois perdre le contrôle sur leur vie au fil des pages, au fil des chapitres. Chacun a sa manière de façonner ses héros. Nos expériences personnelles mais aussi nos lectures altèrent la manière dont nous nous représentons nos héros, nos antagonistes.
Mais au final, l’important n’est pas quel type de personnages vous préférez, l’important c’est de savoir quoi en faire. (comme pour les cartes de poker, hein Patrick Bruel ?).
Si cela vous intéresse, je posterais sur ma page auteur facebook un exemple de fiche-personnage pour vous faire une idée plus précise du schéma de construction d’un profil particulier.
Sur ce, je vous souhaite une bonne journée, en espérant vous avoir donné envie de créer d’innombrables personnages tous plus cools les uns que les autres !
À bientôt pour un article regroupant tous mes futurs projets (en marge de mon roman, évidemment 😉 ).
Denis Vergnaud
NB : Illustration de couverture de @Tikos – DeviantArt
Hey ! Très sympa ton article. Tu m’as redonné le courage d’écrire à un moment où mon activité professionnelle m’accapare quasiment tout mon temps. C’est marrant de voir comment naissent tes nouveaux personnages. Pour ma part, c’est le caractère qui apparaît d’abord, ensuite le physique (parfois il ne me vient pas naturellement, ou le perso change de tête plusieurs fois avant de trouver « la sienne » xD) et en dernier, le nom.
Je suis content.e de voir que toi aussi tu ne condamnes pas systématiquement les stéréotypes. Certains peuvent être intéressants à exploiter si on sait en jouer.
Bénédiction de toutes les muses de l’inspiration sur toi 😉
Salut Chris 🙂
Content de savoir que ça t’a redonné de la motivation ! Cet article n’aura pas été écrit en vain ^^
Bon courage pour tes projets 😉
Et merci à toi!
Denis
Yeah ! C’est absolument vrai que bons personnages font une bonne trame pleine de rebondissements et donc un bon roman ! Je suis sûr que le tien sera excellent si tu tiens cette façon de faire exister et évoluer tes personnages ! 🙂
Merci pour les compliments et pour ton commentaire Ramon 😉