Syndrome de la page blanche : les Indés livrent leurs secrets

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Oyez camarades,

Est-ce que ça vous est déjà arrivé ? Vous vous asseyez à votre table, face à votre feuille, votre cahier, votre écran d’ordinateur, puis vous prenez votre stylo ou mettez vos doigts sur votre clavier. Et…

Rien.

Rien du tout.

Le trou noir sur cette fameuse page blanche.

Connu principalement par les écrivains (mais pas que), ce phénomène a gagné en « notoriété » avec l’ouverture massive à l’autoédition. Et bien que le nombre d’auteurs ne cesse de croître, ce syndrome reste toujours une hantise pour beaucoup d’entre eux. Comme je vous en avais parlé dans mon précédent article sur les obstacles à surmonter pour achever son roman, la leucosélophobie (oui, ça s’appelle comme ça et oui, je viens de le trouver sur internet) est pour certains le principal ennemi lorsqu’il s’agit d’écrire.

Mais pourquoi cette panne ? Qu’est-ce qui peut amener un auteur à rester bloqué devant ce mur blanc sans rien pouvoir y écrire ?

Plusieurs possibilités :

  • Vouloir écrire un roman parfait. On peut parfois vouloir écrire la phrase parfaite, tout de suite, du premier coup, illuminé par la muse de l’écriture, écrire le mot FIN et ne plus jamais avoir à y retoucher. Bon déjà, c’est mal barré. Un roman parfait, ça n’existe pas. Enfin si, mais pas dès le « premier jet ». Il faut se rentrer dans le crâne qu’il y aura toujours quelque chose à retoucher à votre texte. Vous trouverez toujours un petit détail qui vous gêne, une phrase que vous auriez pu supprimer, un dialogue à améliorer, une scène à rallonger, etc.
  • L’histoire a pris une mauvaise tournure. Vous entamez votre roman sur les chapeaux de roue, tout se passe bien et puis d’un coup, vous ne savez plus où vous devez aller. La tuile. Vos personnages ont pris le contrôle, vous n’avez pas regardé suffisamment loin devant pour anticiper le cul-de-sac scénaristique dans lequel vous vous êtes engouffré. Rédiger un plan même très succinct avant le début de la rédaction (et s’y tenir!) est un bon moyen d’éviter ce genre de désagréments.
  • La panne. D’inspiration ou de motivation. Elle peut arriver sans crier gare mais peut aussi découler des raisons précédentes.

Bref, ce mal de l’écrivain est une plaie et en général, plus on y pense, moins on écrit. On se met la pression et ça ne fera qu’empirer. Je me rappelle de mon nanowrimo 2015 où j’ai eu un gros passage à vide au bout d’une dizaine de jours. Je n’arrivais pas à aligner cinq phrases. Dans ce cas précis, je n’étais pas du tout inspiré par la scène que j’écrivais. J’ai donc modifié la dite-scène pour qu’elle me convienne davantage et hop c’était réglé 😉

Pourtant, il peut arriver que ce syndrome entraîne l’abandon du roman voire même l’écœurement de l’auteur vis-à-vis de l’écriture. On finit par se dire qu’on est incapable d’écrire quelque chose (de bien), qu’on n’est pas fait pour ça, etc. C’est quand même flippant.

C’est grave ! C’est triste camarades ! Il faut réagir, il faut lutter, il faut s’armer contre la leucosélophobie (étalage de culture, épisode 2) !

Pour faire face, je ne pouvais espérer affronter cet ennemi seul. C’est pourquoi j’ai décidé de m’entourer d’une compagnie d’auteurs valeureux. Et je vais partager avec vous leurs secrets pour contrecarrer le syndrome de la page blanche.

La diversion.

Lorsqu’il pointe le bout de son nez, il peut s’avérer utile de se changer les idées, d’aller voir ailleurs. Tristan Kalan, par exemple, laisse l’écriture de côté et passe à autre chose pour se vider la tête. Idem pour Jérôme Verne qui n’hésite pas à aller se balader ou même à faire un petit footing pour relâcher la pression, la musique lui est également d’un grand secours pour s’évader.

D’autres attaquent le problème autrement. D’un côté, Nicolas Gomez préfère sauter une scène où il se retrouve bloqué pour passer à la suivante, plus inspirante. Il se contente de laisser la scène avec un court résumé et en général, il parvient à se lancer par la suite. De l’autre, Marine Stengel, elle, ne saute pas une scène non… Elle préfère SAUTER UN ROMAN ENTIER. Marine n’hésite pas à laisser de côté un projet au profit d’un nouveau où la page blanche ne viendra pas la trouver. Cela fonctionne mais mes sources m’indiquent que ses tiroirs fourmillent d’histoires à terminer ! 😉

Enfin, Chris Simon opte pour le dépaysement. Sa méthode ? Prendre un des personnages de son roman en cours et imaginer sa rencontre avec ce personnage au cours d’un événement (anniversaire par exemple). Le but est d’écrire une page de cette rencontre. Idée originale et qui mobilise notre imagination, un bon moyen de débloquer la machine.

La quête d’inspiration.

C’est le crédo de Guillaume Lecler. Quand les idées lui font défaut, il sort son arme ultime : Terry Pratchett. Le célèbre auteur de light fantasy est sa muse. Il lui suffit de relire l’un de ses romans pour se regonfler à bloc et repartir à l’assaut de son texte. C’est de là qu’il tire son pouvoir humoristique !

Dans un style plus personnel, Aurélie Chateaux-Martin exerce son imagination. Tous les jours, tout le temps. Elle se raconte des histoires en lien avec l’univers de son roman, s’en inspire pour de prochains ouvrages. De fait, elle n’a pas souvent eu à faire face à la page blanche. Mais plutôt, selon ses termes, à la page trop pleine. Ah l’imagination !

Lire ou écrire : il ne faut pas choisir.

Deux astuces complémentaires, si logiques et si simples mais qui nous arrive pourtant d’oublier. La première est de lire, lire beaucoup et c’est Olivier Saraja qui nous le dit. Mais pas que des romans. Des articles de blog, la presse, des revues scientifiques. L’inspiration peut parfois se trouver au détour d’un article où l’on n’aurait jamais imaginé trouver quoi que ce soit.

La seconde… est d’écrire. Oui, logique me direz-vous. Mais comme le dit très justement Nathalie Bagadey, c’est comme entraîner un muscle. Plus vous écrirez, plus ce sera facile. Écrire votre roman mais aussi sur son univers, sur vos sentiments, sur la vie de tous les jours, vos dernières vacances, peu importe. L’important est d’écrire pour se rôder, pour trouver les mots plus facilement.

La page blanche, quelle page blanche ?

Enfin, il y en a chez qui la page blanche n’existe pas. Mais comment font-ils ? Sont-ils des êtres hors normes ? Hors du commun ? Dotés de pouvoirs extraordinaires ? Hélas, je crains (ou j’espère ?) que non ! 🙂
C’est le cas de Virginie Coedelo, Laure Manel, Nathalie Bagadey et Olivier Saraja (encore eux les bougres !).
Leur technique ? Tous ont en commun de laisser mûrir leur histoire avant de se mettre à écrire. Établir un plan plus ou moins détaillé de leur roman. Bien réfléchir aux idées et aux personnages avant de se lancer et évidemment, avoir déjà une bonne idée au départ pour éviter un essoufflement en plein cœur du récit comme le souligne Laure Manel. Pour Olivier Saraja, il ne commence pas à écrire avant de s’être complètement approprié l’histoire et tous ses composants.
Grâce à tous ces éléments, une fois devant leur écran, ils n’ont plus qu’à écrire et à se laisser porter. Bien sûr, tout n’est pas calibré, tout n’est pas bridé et il y a toujours des « espaces non planifiés » le rappelle Laure.
Enfin, comme me l’ont confié Virginie et Nathalie (profs toutes les deux), le temps est une donnée à ne pas négliger. Écrire requiert du temps, beaucoup de temps et ce n’est jamais évident d’en trouver, surtout quand on a une vie de famille. Profiter des vacances et se libérer du temps disponible en accord avec son entourage, même si les sessions d’écriture ne sont pas très productives. Il est important d’avoir du temps quand bien même il ne sert qu’à réfléchir et à noter des idées.

Chacun a sa manière de surpasser ce syndrome et j’ai pris beaucoup de plaisir à recueillir tous ces témoignages, aussi tiens-je à remercier les 11 auteurs qui ont bien voulu me donner leurs petits trucs : Aurélie, Chris, Laure, Marine, Nathalie, Virginie, Guillaume, Jérôme, Nicolas, Olivier et Tristan.

Pour conclure, j’ajouterai que peu importe la méthode que vous employez, elle vous est propre et ne sera pas forcément la bonne pour votre voisin(e). Mais dans tous les cas et comme j’aime à le rappeler, la persévérance est la clef du succès.

Alors si un jour, vous vous retrouvez face à cette fichue page blanche, regardez la droit dans les yeux, tenez bon et recouvrez la de mots.

 


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Denis Vergnaud

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7 commentaires

  1. Article intéressant !
    Pour ma part, j’en profite pour revenir sur les corrections et les relectures des passages antérieurs ou de faire des fiches de mes notes et recherches. Des fois, en lisant un détail, une nouvelle idée permet le déclic.

    • Cela peut en effet être une solution Amélie 🙂 Chacun a des méthodes propres et le déclic peut se produire de bien des façons ! 😉

  2. Je suis de ceux qui ne « croient pas » à ce syndrome. On peut être bloqué en écriture, mais les auteurs ont trop vite fait d’accuser leur inspiration ou une cause mystique. Il y a le plus souvent une cause technique derrière un blocage : quand ça ne « vient » pas, je cherche où mon récit péche (structure, motivation des personnages, logique ou cohérence). Neuf fois sur dix, je trouve la cause assez vite. Dès que c’est réparé, ça repart. Et sinon, « +1 » au conseil d’Olivier Saraja : il faut lire, lire, lire…

    • Ton avis mérite réflexion Stéphane. La leucosélophobie : un bouclier pour l’auteur face à ses propres blocages ?

      • Disons qu’en le baptisant « syndrome », comme une maladie, l’auteur lui attribue une cause interne (« il y a quelque chose qui ne va pas chez moi »). Alors que le plus souvent, le souci n’est pas dans l’auteur, il est dans le texte. Rien que pour le moral, l’envisager ainsi est déjà un gros pas de fait pour passer outre.

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